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de Pouponne, car depuis qu’on avait dit à la fillette qu’elle était maintenant une grande fille, elle aurait rougi jusque sous la plante de ce même petit pied si elle l’eût montré nu en public. Mais elle n’avait pas que le pied de mignon : son minois, que jusque-là, le chagrin n’avait pas eu l’occasion d’effleurer du sombre nuage qui le voile aujourd’hui, son minois était trop gracieux, trop attrayant pour que Balthazar ne finit pas par s’en apercevoir. En grandissant, ils ne perdirent pas complètement l’habitude de faire route ensemble pour aller à l’église ou ailleurs. Les bois et les champs des deux familles se touchaient, les hommes se mêlaient souvent pendant les récoltes, et souvent on voyait les filles, toutes rouges, arriver ensemble pour porter le dîner de leurs pères et de leurs frères.

« On dansait quelquefois sur l’herbe fleurie, devant la maison de la veuve Thériot, après les offices du Dimanche. C’étaient des cotillons animés ou des rondes exécutées sur un chant naïf comme nos pauvres colons en dansent encore aujourd’hui sur la terre de l’exil. Dans une figure, Balthazar fut