Aller au contenu

Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

sur leurs visages : ils sentaient bien que ce n’était pas le souffle caressant de leurs mères. Un vigoureux ballottement commençait à se faire sentir sous l’effort des rameurs : ce n’était plus pour eux le doux balancement du berceau. Ils pleuraient, et leur voix s’élevant avec le vent qui soufflait avec force, fut le dernier son que l’oreille de l’aïeul put saisir au milieu de cette sombre solitude.

« Deux personnes restèrent les dernières debout sur le rivage : c’était le père Landry et Pouponne. Quand ils ne virent plus rien sur la silhouette incertaine des flots, quand les ondes soulevées par les rames eurent cessé d’apporter à la plage l’adieu lointain et suprême des voyageurs, le vieillard se retourna vers l’enfant qui se tenait toute pleurante à ses côtés et lui dit avec effort et d’une voix incertaine.

— « Ne pleure pas, petite… tu sais bien qu’y reviendra pour la noce, ton Balthazar !

« Puis il passa sa main ridée sur les cheveux de la jeune fille, carressant en même temps sa joue et le bout de sa jolie petite oreille. Ils se retour-