Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/331

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repos : en étouffant au fond des cœurs la pensée même du crime, ils sauvent tout ensemble et le malheureux qui l’eût commis, et sa victime. Ils font plus, ils sauvent la morale, ils sauvent à la société des exemples toujours funestes, même quand ils sont punis.

Un autre inconvénient du système suivi à l’égard de l’Eglise, est d’arrêter la puissance créatrice de la religion. Le christianisme catholique, le vrai christianisme, agit de mille manières sur la société : il fait ce que lui seul peut faire, et ce qui ne sauroit être fait par le simple exercice du ministère pastoral : et c’est encore ce qu’on ne veut pas voir, ou peut-être ce qu’on ne voit que trop.

Les meilleures lois empêchent le mal, leur influence ne va pas au-delà ; elles sont répressives, rien de plus. Le christianisme opère le bien ; il travaille sans relâche à soulager toutes les misères de l’homme, il vient au secours de toutes ses foiblesses, il adoucit les maux qu’il lui commande de supporter.

à raison même de la civilisation qu’il a développée, la condition du pauvre seroit, sans lui, intolérable dans les sociétés modernes, et l’expérience le montre assez. Partout où l’on n’enchaîne pas son action, il rattache à l’ordre les classes inférieures par les prodiges d’une charité qui, créant pour ainsi dire dans le monde présent un autre monde, oppose à la hiérarchie des richesses