Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/51

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plus pour religion que l’athéisme, et que l’anarchie pour société.

Les affreuses proscriptions qui ensanglantèrent la France à cette époque de crime, proscriptions qu’on a depuis appelées des égarements, révélèrent tout ce qu’il y avoit au fond des doctrines philosophiques, dont le triomphe, proclamé au milieu des ruines, sur l’échafaud où montoient chaque jour et le prêtre, et le noble, et le savant, et le riche, et le pauvre, et l’enfant même, sembloit être une orgie de l’enfer.

Ces épouvantables horreurs renfermoient dans leur excès même le terme de leur durée. Le meurtre s’arrêta, mais les doctrines restèrent ; elles n’ont pas un moment cessé de régner : leur autorité, loin de s’affoiblir, se légitime de jour en jour. Elles deviennent une espèce de symbole national consacré par les institutions publiques, et révéré de ceux-mêmes qui l’avoient long-temps combattu. Dans l’ordre politique, nous en sommes encore, sous des formes et des noms différents, à la pure démocratie ; elle gouverne et administre selon l’esprit qui lui est propre, et d’après les maximes du droit philosophique qui a fait la révolution. Partout on en retrouve les conséquences, au grand étonnement de ceux qui croient vivre dans un état chrétien, sous un gouvernement monarchique, et qui, dans l’erreur de leur esprit, s’en prennent