Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/56

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commencer ? Car il faut que nous recommencions.

— Tom, croyez-moi, on ne nous laissera pas recommencer.

— Eh bien, mon fils, nous nous passerons de la permission. »

Quand je disais que Tom Tompson était entêté.

Le soir même, nous étions rentrés. On nous fit venir au siège de la compagnie, comme nous l’avions prévu, et nous fûmes interrogés.

Tom Tompson, sans hésiter, fit un speech, qui dura bien vingt minutes, dans lequel il entremêla quelques mots latins à beaucoup de paroles inutiles sur l’honneur, le devoir et la gloire. Bref, il parla comme un livre, au grand étonnement de ses chefs et de moi-même ; puis il déclara que, pour la compagnie, la gloire d’avoir deux mécaniciens aussi acharnés compensait, et au delà, le léger inconvénient de perdre quatre locomotives et vingt-cinq wagons, sans compter les marchandises.

On l’écouta, on l’admira, on lui donna raison, et même on nous rendit notre emploi, mais avec précaution de nous demander notre parole d’honneur de ne plus recommencer.

« S’il ne s’agit que de ne plus recommencer sur les lignes de votre compagnie, messieurs, je suis prêt à faire cette promesse, m’écriai-je alors ; mais il ne peut pas nous être défendu d’essayer encore une fois sur un autre chemin de fer !

— Sur un autre chemin de fer, cela ne nous regarde pas », répondit, avec beaucoup de sagesse, le président.