Page:Debraux - Chansons nationales nouvelles et autres.djvu/26

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Et j’étais peu jaloux, ma foi,
Des honneurs de l’apothéose.
Pour calmer mes sens effrayés,
Sans rire, on m’offrit pour salaire,
Cinq sous par jour, jamais payés :
Avez-vous jamais vu la guerre !

Aux champs de la destruction,
Je trouve besogne nouvelle ;
Me plante-t-on de faction,
Ou bien j’y brûle, ou bien j’y gèle.
Je fais prendre un convoi d’argent,
Et pour prix de mon ministère,
Mon caporal est fait sergent :
Avez-vous jamais vu la guerre !

Cette injustice me frappa,
Je pris la poudre d’escampette ;
Par malheur on me rattrapa,
Mon affaire fut bientôt faite.
Ma tête était mal en renom,
Et pour la rendre moins légère,
On voulut y loger du plomb :
Avez-vous jamais vu la guerre !

Par bonheur on se culbuta,
En l’honneur de nos souveraines ;
Mais j’ignore qui l’emporta,
Du noble pied de ces deux reines.