Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/19

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« Impressions », auquel je tiens pour ce qu’il me laisse la liberté de garder mon émotion de toute esthétique parasite.

» Vous avez une tendance à grossir des événements qui auraient semblé naturels, par exemple, à l’époque d’un Bach. — Vous me parlez de la sonate de M. P. Dukas ; il est probablement de vos amis, et même critique musical ? Autant de raisons pour se dire du bien. On vous a pourtant dépassé dans l’éloge, et M. Pierre Lalo, dans un feuilleton du journal le Temps exclusivement consacré à cette sonate, lui sacrifiait du même coup celles qu’écrivirent Schumann et Chopin. Certes, la nervosité de Chopin sut mal se plier à la patience qu’exige la confection d’une sonate ; il en fit plutôt des « esquisses très poussées ». On peut tout de même affirmer qu’il inaugura une manière personnelle de traiter cette forme, sans parler de la délicieuse musicalité qu’il inventait à cette occasion. C’était un homme à idées généreuses, il en changeait souvent sans en exiger un placement à cent pour cent qui est la gloire la plus claire de quelques-uns de nos maîtres.

» Naturellement M. P. Lalo ne manque pas d’évoquer la grande ombre de Beethoven à propos de la sonate de votre ami Dukas. À sa place, j’en aurais été médiocrement flatté ! Les sonates de Beethoven sont très mal écrites pour le piano ;