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Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/52

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mécanisme à impressionner le public et qui fait surgir les images.

Qu’on n’aille pas croire à quelque chose de hors nature ou d’artificiel. C’est au contraire infiniment plus « vrai » que les pauvres petits cris humains qu’essaye de vagir le Drame lyrique. Surtout, la musique y garde toute sa noblesse, elle ne condescend jamais à s’adapter à ces besoins de sensiblerie qu’affectent les gens dont on dit qu’ils « aiment tant la musique » ; plus hautainement, elle les force au respect, sinon à l’adoration.

On peut remarquer facilement que l’on n’entendit jamais « siffler » du Bach… Cette gloire buccale n’aura pas manqué à Wagner : sur le boulevard, à l’heure où sortent les prisonniers de luxe des maisons d’arrêt musicales, il arrive d’entendre allègrement « siffler » « la Chanson du Printemps » ou la phrase initiale des Maîtres Chanteurs. Je sais bien que pour beaucoup de gens, c’est toute la gloire promise à la musique. Il est néanmoins permis d’être de l’avis contraire sans trop se singulariser.

Je dois ajouter que cette conception ornementale a complètement disparu ; on a réussi à domestiquer la musique… Enfin ! Cela fait l’affaire des familles qui, ne sachant que faire d’un enfant, — la carrière de brillant ingénieur commence à fâcheusement s’encombrer, — lui font apprendre la musique : ça fait toujours un médiocre de plus…