Page:Debussy - Monsieur Croche, 1921.djvu/57

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Saint-Saëns fit des opéras avec l’âme d’un vieux symphoniste impénitent. Est-ce là que l’Avenir viendra chercher les vraies raisons de lui conserver de l’admiration ?

Massenet paraît avoir été la victime du jeu d’éventail de ses belles écouteuses, dont les battements palpitèrent si longtemps pour sa gloire ; il voulut à toute force retenir au-dessus de son nom ces palpitations d’ailes parfumées ; malheureusement, c’était vouloir domestiquer une troupe de papillons… Peut-être ne manqua-t-il que de patience et méconnut-il la valeur du « silence »… Son influence sur la musique contemporaine est manifeste et mal avouée chez certains, qui lui doivent beaucoup : ils s’en défendent avec de l’hypocrisie… c’est vilain !

Parmi trop de stupides ballets, il y eut une manière de chef-d’œuvre : la Namouna d’Éd. Lalo. On ne sait quelle sourde férocité l’a enterrée si profondément que personne n’en parle plus… c’est triste pour la musique.

Dans tout cela, aucune tentative vraiment neuve. Rien qu’une espèce de ronronnement d’usine, un perpétuel recommencement ; on dirait que la musique en entrant à l’Opéra y endosse un uniforme obligatoire comme celui d’un bagne : elle y prend aussi les proportions faussement grandioses du monument, se mesurant en cela au célèbre « grand