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MOLL FLANDERS

Puis je lui expliquai amplement et avec clarté la nature des plantations, et comment un homme qui s’appliquerait, n’ayant emporté que la valeur de deux ou trois cents livres de marchandises anglaises, avec quelques domestiques et des outils, pourrait rapidement établir sa famille et en peu d’années amasser du bien.

Ensuite je lui dis les mesures que je prendrais pour lever une somme de 300 £ ou environ ; et je lui exposai que ce serait un admirable moyen de mettre fin à notre infortune, et à restaurer notre condition dans le monde au point que nous avions espéré tous deux ; et j’ajoutai qu’au bout de sept ans nous pourrions être en situation de laisser nos cultures en bonnes mains et de repasser l’eau pour en recevoir le revenu, et en jouir tandis que nous vivrions en Angleterre ; et je lui citai l’exemple de tels qui l’avaient fait et qui vivaient à Londres maintenant sur un fort bon pied.

En somme, je le pressai tant qu’il finit presque par s’y accorder ; mais nous fûmes arrêtés tantôt par un obstacle, tantôt par l’autre, jusqu’enfin il changea les rôles, et se mit à me parler presque dans les mêmes termes de l’Irlande.

Il me dit qu’un homme qui se confinerait dans une vie campagnarde, pourvu qu’il eût pu trouver des fonds pour s’établir sur des terres, pourrait s’y procurer des fermes à 50 £ par an, qui étaient aussi bonnes que celles qu’on loue en Angleterre pour 200 £ ; que le rendement était considérable et le sol si riche, que, sans grande économie même, nous étions sûrs d’y vivre aussi bravement qu’un gentilhomme vit en Angleterre avec un revenu de 3 000 £ ; et qu’il avait formé le dessein de me laisser à