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MOLL FLANDERS

sions ; et peut-être, dit-elle, que vous ne savez pas bien comment disposer de l’enfant quand il viendra.

— La fin, dis-je, ne m’inquiète pas tant que le commencement.

— Eh bien, madame, répond la sage-femme, oserez-vous vous confier à mes mains ? Je demeure en tel endroit ; bien que je ne m’informe pas de vous, vous pouvez vous enquérir de moi ; mon nom est B… ; je demeure dans telle rue (nommant la rue), à l’enseigne du Berceau ; ma profession est celle de sage-femme et j’ai beaucoup de dames qui viennent faire leurs couches chez moi ; j’ai donné caution à la paroisse en général pour les assurer contre toute enquête sur ce qui viendra au monde sous mon toit. Je n’ai qu’une question à vous adresser, madame, dit-elle, en toute cette affaire ; et si vous y répondez, vous pouvez être entièrement tranquille sur le reste.

Je compris aussitôt où elle voulait en venir et lui dis :

— Madame, je crois vous entendre ; Dieu merci, bien que je manque d’amis en cette partie du monde, je ne manque pas d’argent, autant qu’il peut-être nécessaire, car je n’en ai point non plus d’abondance.

J’ajoutai ces mots parce que je ne voulais pas la mettre dans l’attente de grandes choses.

— Eh bien madame, dit-elle, c’est la chose en effet, sans quoi il n’est point possible de rien faire en de tels cas ; et pourtant, dit-elle, vous allez voir que je ne vais pas vous voler, ni vous mettre dans l’embarras, et je veux que vous sachiez tout d’avance, afin que vous vous accommodiez à l’occasion et que vous fassiez de la dépense ou que vous alliez à l’économie, suivant que vous jugerez.