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MOLL FLANDERS

mais j’étais jeune dans le métier, et je ne savais comment m’y prendre autrement qu’ainsi que le diable me mettait les choses dans la tête, et en vérité, il ne tardait guère avec moi. Une des aventures que j’eus fut très heureuse pour moi. Je passais par Lombard-Street, à la tombée du soir, juste vers le bout de la Cour des Trois-Rois, quand tout à coup arrive un homme tout courant près de moi, prompt comme l’éclair, et jette un paquet qui était dans sa main juste derrière moi, comme je me tenais contre le coin de la maison au tournant de l’allée ; juste comme il le jetait là-dedans, il dit :

— Dieu vous sauve, madame, laissez-le là un moment.

Et le voilà qui s’enfuit. Après lui en viennent deux autres et immédiatement un jeune homme sans chapeau, criant : « Au voleur ! » Ils poursuivirent ces deux derniers hommes de si près qu’ils furent forcés de laisser tomber ce qu’ils tenaient, et l’un d’eux fut pris par-dessus le marché ; l’autre réussit à s’échapper.

Je demeurai comme un plomb tout ce temps, jusqu’à ce qu’ils revinrent, traînant le pauvre homme qu’ils avaient pris et tirant après lui les choses qu’ils avaient trouvées, fort satisfaits sur ce qu’ils avaient recouvré le butin et pris le voleur ; et ainsi ils passèrent près de moi, car moi, je semblais seulement d’une qui se garât pour laisser avancer la foule.

Une ou deux fois je demandai ce qu’il y avait, mais les gens négligèrent de me répondre et je ne fus pas fort importune ; mais après que la foule se fut entièrement écoulée, je saisis mon occasion pour me retourner et ramasser ce qui était derrière moi et m’en aller ; ce