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MOLL FLANDERS

je ne suis pas la personne que vous cherchez, et que je ne suis pas venue dans votre boutique tout à l’heure ; je demande donc que vous ne me déteniez pas ici plus longtemps ou que vous me disiez les raisons que vous avez pour m’arrêter.

Cet homme là-dessus devint plus arrogant qu’avant, et dit qu’il ne ferait ni l’un ni l’autre jusqu’à ce qu’il le jugeât bon.

— Fort bien, dis-je au commissionnaire et au commissaire, vous aurez l’obligeance de vous souvenir de ces paroles, messieurs, une autre fois.

Le commissionnaire dit : « Oui, madame » ; et la chose commença de déplaire au commissaire qui s’efforça de persuader au mercier de me congédier et de me laisser aller, puisque, ainsi qu’il disait, il convenait que je n’étais point la personne.

— Mon bon monsieur, dit le mercier goguenardant, êtes-vous juge de paix ou commissaire ? Je l’ai remise entre vos mains ; faites votre service, je vous prie.

Le commissaire lui dit, un peu piqué, mais avec assez d’honnêteté :

— Je connais mon service, et ce que je suis, monsieur : je doute que vous sachiez parfaitement ce que vous faites à cette heure.

Ils eurent encore d’autres paroles acides, et cependant les compagnons, impudents et malhonnêtes au dernier point me traitèrent avec barbarie ; et l’un d’eux, le même qui m’avait saisie d’abord, prétendit qu’il voulait me fouiller et commença de mettre les mains sur moi. Je lui crachai au visage, j’appelai à haute voix le commissaire, et le priai de noter soigneusement la façon dont on me trai-