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MOLL FLANDERS

— Qu’est-ce qui vous donna tant de gaieté ? dis-je. Il n’y a pas lieu de rire si fort de cette histoire que vous vous l’imaginez ; je vous assure que j’ai été bien secouée et effrayée aussi par une bande de vilains coquins.

— Pourquoi je ris ? dit ma gouvernante. Je ris, mon enfant, de la chance que tu as ; voilà un coup qui sera la meilleure aubaine que tu aies faite de ta vie, si tu sais t’y prendre. Je te promets que tu feras payer au mercier 500 £ de dommages intérêts sans compter ce que tu tireras du compagnon.

J’avais d’autres pensées là-dessus qu’elle ; et surtout à cause que j’avais donné mon nom au juge de paix, et je savais que mon nom était si bien connu parmi les gens de Hick’s Hall, Old Bailey, et autres lieux semblables, que si cette cause venait à être jugée publiquement, et qu’on eût l’idée de faire enquête sur mon nom, aucune cour ne m’accorderait de dommages, ayant la réputation d’une personne de tel caractère. Cependant je fus obligée de commencer un procès en forme, et en conséquence ma gouvernante me découvrit un homme de confiance pour le mener, étant un avoué qui faisait de très bonnes affaires et qui avait bonne réputation ; en quoi elle eut certainement raison ; car si elle eût employé quelque aigrefin de chicane, ou un homme point connu, je n’aurais obtenu que bien peu ; au lieu qu’il en coûta finalement au mercier 200 £ et plus, avec un souper qu’il fut forcé de nous offrir par-dessus le marché, à ma gouvernante, à l’avocat et à moi.

Ce ne fut pas longtemps après que l’affaire avec le mercier fut arrangée que je sortis dans un équipage bien différent de tous ceux où j’avais paru avant. Je m’habillai,