Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
MOLL FLANDERS

avec laquelle je lui parlais de tous ses parents et de sa famille, que je pensais qu’il fût fort facile de pousser la chose plus loin et de mettre la main au moins sur le collier de perles ; mais quand je vins à penser que, malgré que l’enfant peut-être n’eût aucun soupçon, d’autres personnes en pourraient avoir, et que si on me fouillait, je serais découverte, je songeai qu’il valait mieux me sauver avec ce que j’avais déjà.

J’appris plus tard par accident que lorsque la jeune dame s’aperçut que sa montre avait disparu, elle fit un grand cri dans le parc et envoya son laquais çà et là pour voir s’il pouvait me trouver, elle m’ayant décrite avec une perfection telle qu’il reconnut sur-le-champ que c’était la même personne qui s’était arrêtée à causer si longtemps avec lui et qui lui avait fait tant de questions sur elles ; mais j’étais assez loin et hors de leur atteinte avant qu’elle pût arriver jusqu’à son laquais pour lui conter l’aventure.

Je m’approche maintenant d’une nouvelle variété de vie. Endurcie par une longue race de crime et un succès sans parallèle, je n’avais, ainsi que j’ai dit, aucune pensée de laisser un métier, lequel, s’il fallait en juger par l’exemple des autres, devait pourtant se terminer enfin par la misère et la douleur.

Ce fut le jour de la Noël suivant, sur le soir, que pour achever une longue suite de crimes, je sortis dans la rue pour voir ce que je trouverais sur mon chemin, quand passant près d’un argentier qui travaillait dans Foster-Lane, je vis un appât qui me tenta, et auquel une de ma profession n’eût su résister car il n’y avait personne dans la boutique, et beaucoup de vaisselle plate gisait éparse