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MOLL FLANDERS

— Non, non, dit-il, je ne suis que trop payé. Qui est cette dame ? Est-ce votre sœur ?

— Non, monsieur, dis-je ; ce n’est point ma parente ; mais c’est une très chère amie, et la seule amie que j’aie au monde.

— Eh bien ! dit-il, il y a peu d’amies semblables. Figurez-vous qu’elle pleure comme une enfant.

— Ah ! oui, fis-je encore : je crois bien qu’elle donnerait cent livres pour me délivrer de cette affreuse condition.

— Vraiment oui ! dit-il, — mais je pense que pour la moitié je pourrais bien vous mettre en mesure de vous délivrer.

Mais il dit ces paroles si bas que personne ne put l’entendre.

— Hélas, monsieur, fis-je, mais alors ce serait une délivrance telle que si j’étais reprise, il m’en coûterait la vie.

— Oui bien, dit-il, une fois hors du navire, il faudrait prendre bonne garde, à l’avenir : je n’y puis rien dire.

Et nous ne tînmes pas plus de discours pour l’instant.

Cependant ma gouvernante, fidèle jusqu’au dernier moment, fit passer ma lettre dans la prison à mon mari, et se chargea de la réponse ; et le lendemain elle arriva elle-même, m’apportant d’abord un hamac, comme on dit, avec la fourniture ordinaire ; elle m’apporta aussi un coffre de mer, c’est à savoir un de ces coffres qu’on fabrique pour les marins, avec toutes les commodités qui y sont contenues, et plein de presque tout ce dont je pouvais avoir besoin ; et dans un des coins du coffre, où il y