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Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/391

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MOLL FLANDERS

nous, et lui, en homme d’expérience, lui répondit :

— Madame, il faut d’abord que vos cousins se procurent une personne pour les acheter comme esclaves suivant les conditions de leur déportation, et puis, au nom de cette personne, ils pourront s’occuper de ce qu’il leur plaira, soit acheter des plantations déjà exploitées, soit acheter des terres en friche au gouvernement.

Elle lui demanda alors s’il ne serait pas nécessaire de nous fournir d’outils et de matériaux pour établir notre plantation, et il répondit que oui, certes ; puis, elle lui demanda son assistance en cela et lui dit qu’elle nous fournirait de tout ce qu’il nous faudrait, quoi qu’il lui en coûtât ; sur quoi il lui donna une liste des choses nécessaires à un planteur, qui, d’après son compte, montait à 80 ou 100 £. Et, en somme, elle s’y prit aussi adroitement pour les acheter que si elle eût été un vieux marchand de Virginie, sinon que sur mon indication elle acheta plus du double de tout ce dont il lui avait donné la liste.

Elle embarqua toutes ces choses à son nom, prit les billets de chargement et endossa ces billets au nom de mon mari, assurant ensuite la cargaison à son propre nom, si bien que nous étions parés pour tous les événements et pour tous les désastres.

J’aurais dû vous dire que mon mari lui donna tout son fonds de 108 £ qu’il portait sur lui, ainsi que j’ai dit, en monnaie d’or, pour le dépenser à cet effet, et je lui donnai une bonne somme en outre, si bien que je n’entamai pas la somme que je lui avais laissée entre les mains, en fin de quoi nous eûmes près de 200 £ en