graphique, n’en avais qu’une connaissance générale par mes longues conversations avec des gens qui allaient et venaient. Mais je savais bien que le Maryland, la Pennsylvanie, East et West-Jersey, la Nouvelle-York et la Nouvelle-Angleterre étaient toutes situées au nord de la Virginie et qu’elles avaient toutes par conséquent des climats plus froids pour lesquels, pour cette raison même, j’avais de l’aversion ; car, ainsi que j’avais toujours naturellement aimé la chaleur : ainsi maintenant que je devenais vieille, je sentais une plus forte inclination à fuir un climat froid. Je pensai donc à aller en Caroline, qui est la colonie la plus méridionale des Anglais sur le continent ; et là, je proposai d’aller, d’autant plus que je pourrais aisément revenir à n’importe quel moment quand il serait temps de m’enquérir des affaires de ma mère et de réclamer mon dû.
Mais maintenant je trouvai une nouvelle difficulté ; la grande affaire pesait encore lourdement sur mes esprits et je ne pouvais songer à sortir de la contrée sans m’enquérir de façon ou d’autre du grand secret de ce que ma mère avait fait pour moi, ni ne pouvais-je avec aucune patience supporter la pensée de partir sans me faire connaître à mon vieux mari (frère) ou à mon enfant, son fils ; seulement j’aurais bien voulu le faire sans que mon nouveau mari en eût connaissance ou sans qu’ils eussent connaissance de lui.
J’agitai d’innombrables desseins dans mes pensées pour arriver à ces fins. J’aurais aimé à envoyer mon mari en Caroline pour le suivre ensuite moi-même, mais c’était impraticable, parce qu’il ne voulait pas bouger sans moi, ne connaissant nullement le pays ni