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MOLL FLANDERS

de discours, il tira premièrement un sac en peau de daim et me le donna, qui contenait cinquante-cinq pistoles d’Espagne, et me dit que c’était pour solder la dépense que j’avais faite en venant d’Angleterre, car, bien que ce ne fût pas son affaire, pourtant il ne pensait point que j’eusse apporté beaucoup d’argent avec moi, puisque ce n’était point l’usage d’en apporter dans cette contrée ; puis il tira le testament de sa grand’mère et me le lut, par où il paraissait qu’elle m’avait laissé une plantation sur la rivière de York avec tous les domestiques et bétail y appartenant, et qu’elle l’avait mise en dépôt entre les mains de ce mien fils pour mon usage le jour où il apprendrait où j’étais, la consignant à mes héritiers, si j’avais des enfants, et à défaut d’héritiers, à quiconque il me plairait de la léguer par testament ; que le revenu cependant, jusqu’à ce qu’on entendrait parler de moi, appartiendrait à mon dit fils, et que si je n’étais point vivante, la propriété retournerait à lui et à ses héritiers.

Cette plantation, quoiqu’elle fût éloignée de la sienne, il me dit qu’il ne l’avait pas affermée, mais qu’il la faisait administrer par un gérant principal, ainsi qu’il faisait pour une autre qui était à son père et qui était située tout près, et qu’il allait l’inspecter lui-même trois ou quatre fois l’année.

Je lui demandai ce qu’il pensait que la plantation pourrait bien valoir ; il me dit que si je voulais l’affermer, il m’en donnerait environ 60 £ par an, mais que si je voulais y vivre, qu’elle vaudrait beaucoup plus, et qu’il pensait qu’elle pourrait me rapporter environ 150 £ par an. Mais, regardant que je m’établirais sans