Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lait, malgré les risques, rester où j’étais, jusqu’à ce que je me fusse fait un campement, et que je l’eusse rendu assez sûr pour aller m’y fixer. Cette décision me tranquillisa pour un temps, et je résolus de me mettre à l’ouvrage avec toute la diligence possible, pour me bâtir dans un cercle, comme la première fois, un mur de pieux, de câbles, etc., et d’y établir ma tente quand il serait fini, mais de rester où j’étais jusqu’à ce que cet enclos fût terminé et prêt à me recevoir. C’était le 21.

Le 22. — Dès le matin j’avisai au moyen de réaliser mon dessein, mais j’étais dépourvu d’outils. J’avais trois grandes haches et une grande quantité de hachettes, — car nous avions emporté des hachettes pour trafiquer avec les Indiens ; — mais à force d’avoir coupé et taillé des bois durs et noueux, elles étaient émoussées et ébréchées. Je possédais bien une pierre à aiguiser, mais je ne pouvais la faire tourner en même temps que je repassais. Cette difficulté me coûta autant de réflexions qu’un homme d’État pourrait en dépenser sur un grand point de politique, ou un juge sur une question de vie ou de mort. Enfin j’imaginai une roue à laquelle j’attachai un cordon, pour la mettre en mouvement au moyen de mon pied tout en conservant mes deux mains libres.

Nota : Je n’avais jamais vu ce procédé mécanique en Angleterre, ou du moins je ne l’avais point remarqué, quoique j’aie observé depuis qu’il y est très-commun ; en outre, cette pierre était très-grande et très-lourde, et je passai une semaine entière à amener cette machine à perfection.

Les 28 et 29. — J’employai ces deux jours à aiguiser mes outils, le procédé pour faire tourner ma pierre allant très-bien.