Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/239

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sur le rivage une grosse tortue dont j’avais presque ma charge, et que j’avais embarquée ; j’avais une grande jarre d’eau douce, une jarre, c’est-à-dire un de mes pots de terre ; mais qu’était tout cela si je venais à être drossé au milieu du vaste Océan, où j’avais l’assurance de ne point rencontrer de terres, ni continent ni île, avant mille lieues tout au moins ?

Je compris alors combien il est facile à la providence de Dieu de rendre pire la plus misérable condition de l’humanité. Je me représentais alors mon île solitaire et isolée comme le lieu le plus séduisant du monde, et l’unique bonheur que souhaitât mon cœur était d’y rentrer. Plein de ce brûlant désir, je tendais mes bras vers elle. — « Heureux désert, m’écriais-je, je ne te verrai donc plus ! Ô misérable créature ! Où vas-tu ? »