Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/31

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de ce que j’ai vu depuis, et même seulement quelques jours après, c’en fut assez pour affecter un novice tel que moi. À chaque vague je me croyais submergé, et chaque fois que le vaisseau s’abaissait entre deux lames, je le croyais englouti au fond de la mer. Dans cette agonie d’esprit, je fis plusieurs fois le projet et le vœu, s’il plaisait à Dieu de me sauver de ce voyage, et si je pouvais remettre le pied sur la terre ferme, de ne plus le remettre à bord d’un navire, de m’en aller tout droit chez mon père, de m’abandonner à ses conseils, et de ne plus me jeter dans de telles misères. Alors je vis pleinement l’excellence de ses observations sur la vie commune, et combien doucement et confortablement il avait passé touts[1] ses jours, sans jamais avoir été exposé, ni aux tempêtes de l’océan ni aux disgrâces de la terre ; et je résolus, comme l’enfant prodigue repentant, de retourner à la maison paternelle.

  1. Note de Wikisource : Le traducteur justifie cette orthographe dans le 7e paragraphe de la préface.