Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/137

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tion et de leur plantation. L’endroit était effectivement très-convenable, situé au Nord-Est, dans la partie la plus reculée de l’île, non loin du lieu où, grâce à la Providence, j’abordai lors de mon premier voyage après avoir été emporté en pleine mer, Dieu seul sait où ! dans ma folle tentative de faire le tour de l’île.

Là, à peu près sur le plan de ma première habitation, ils se bâtirent deux belles huttes, qu’ils adossèrent à une colline ayant déjà quelques arbres parsemés sur trois de ses côtés ; de sorte qu’en en plantant d’autres, il fut facile de les cacher de manière à ce qu’elles ne pussent être apperçues sans beaucoup de recherches. — Ces exilés exprimèrent aussi le désir d’avoir quelques peaux de bouc séchées pour leur servir de lits et de couvertures ; on leur en accorda, et, ayant donné leur parole qu’ils ne troubleraient personne et respecteraient les plantations, on leur remit des hachettes et les autres outils dont on pouvait se priver ; des pois, de l’orge et du riz pour semer ; en un mot tout ce qui leur était nécessaire, sauf des armes et des munitions.

Ils vécurent, ainsi à part environ six mois, et firent leur première récolte ; à la vérité, cette récolte fut peu de chose, car ils n’avaient pu ensemencer qu’une petite étendue de terrain, ayant toutes leurs plantations à établir, et par conséquent beaucoup d’ouvrage sur les bras. Lorsqu’il leur fallut faire des planches, de la poterie et autres choses semblables, ils se trouvèrent fort empêchés et ne purent y réussir ; quand vint la saison des pluies, n’ayant pas de caverne, ils ne purent tenir leur grain sec, et il fut en grand danger de se gâter : ceci les contrista beaucoup. Ils vinrent donc supplier les Espagnols de les aider, ce que ceux-ci firent volontiers, et en quatre jours on leur creusa dans le flanc de la colline un trou assez grand pour mettre à l’abri de la