Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en bois, comme j’en avais fait pour mon usage, et leur donnèrent douze hachettes et trois ou quatre couteaux ; et, là, ils vécurent comme les plus soumises et les plus innocentes créatures que jamais on n’eût su voir.

La colonie jouit après cela d’une parfaite tranquillité quant aux Sauvages, jusqu’à la nouvelle visite que je lui fis, environ deux ans après. Ce n’est pas que de temps à autre quelques canots de Sauvages n’abordassent à l’île pour la célébration barbare de leurs triomphes ; mais, comme ils appartenaient à diverses nations, et que, peut-être, ils n’avaient point entendu parler de ceux qui étaient venus précédemment dans l’île, ou que peut-être ils ignoraient la cause de leur venue, ils ne firent, à l’égard de leurs compatriotes, aucune recherche, et, en eussent-ils fait, il leur eût été fort difficile de les découvrir.

Voici que j’ai donné, ce me semble, la relation complète de ce qui était arrivé à nos colons jusqu’à mon retour, au moins de ce qui était digne de remarque. — Ils avaient merveilleusement civilisé les Indiens ou Sauvages, et allaient souvent les visiter ; mais ils leur défendaient, sous peine de mort, de venir parmi eux, afin que leur établissement ne fût pas livré derechef.

Une chose vraiment notable, c’est que les Sauvages, à qui ils avaient appris à faire des paniers et de la vannerie, surpassèrent bientôt leurs maîtres. Ils tressèrent une multitude de choses les plus ingénieuses, surtout des corbeilles de toute espèce, des cribles, des cages à oiseaux, des buffets, ainsi que des chaises pour s’asseoir, des escabelles, des lits, des couchettes et beaucoup d’autres choses encore ; car ils déployaient dans ce genre d’ouvrage une adresse remarquable, quand une fois on les avait mis sur la voie.

Mon arrivée leur fut d’un grand secours, en ce que nous