Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/28

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faire pour en tirer vengeance ; car il veut avoir satisfaction sur le point d’honneur : c’est là sa première qualité. La seconde, c’est qu’une fois offensé, il ne vous laissera ni jour ni nuit, jusqu’à ce qu’il ait sa revanche, et vous suivra, avec sa bonne grosse dégaine, jusqu’à ce qu’il vous ait atteint.

Mon serviteur Vendredi, lorsque nous le joignîmes, avait délivré notre guide, et l’aidait à descendre de son cheval, car le pauvre homme était blessé et effrayé plus encore, quand soudain nous apperçûmes l’ours sortir du bois ; il était monstrueux, et de beaucoup le plus gros que j’eusse jamais vu. À son aspect nous fûmes touts un peu surpris ; mais nous démêlâmes aisément du courage et de la joie dans la contenance de Vendredi. — « O ! O ! O ! s’écria-t-il trois fois, en le montrant du doigt, Ô maître ! vous me donner congé, moi donner une poignée de main à lui, moi vous faire vous bon rire. »