Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus long-temps, et de remettre en mer quoi qu’il en pût advenir ; car nous ne doutions pas d’être environnés, le jour suivant, d’un si grand nombre de ces marauds, que notre chaudière de poix n’y pourrait suffire.

En conséquence tout fut replacé à bord le soir même, et dès le matin nous étions prêts à partir. Dans ces entrefaites, comme nous avions mouillé l’ancre à quelque distance du rivage, nous fûmes bien moins inquiets : nous étions alors en position de combattre et de courir au large si quelque ennemi se fût présenté. Le lendemain, après avoir terminé à bord notre besogne, toutes les voies se trouvant parfaitement étanchées, nous mîmes à la voile. Nous aurions bien voulu aller dans la baie de Ton-Kin, désireux que nous étions d’obtenir quelques renseignements sur ces bâtiments hollandais qui y étaient entrés ; mais nous n’osâmes pas, à cause que nous avions vu peu auparavant plusieurs navires qui s’y rendaient, à ce que nous supposâmes. Nous cinglâmes donc au Nord-Est, à dessein de toucher à l’île Formose, ne redoutait pas moins d’être apperçu par un bâtiment marchand hollandais ou anglais qu’un navire hollandais ou anglais ne redoute de l’être dans la Méditerranée par un vaisseau de guerre algérien.

Quand nous eûmes gagné la haute mer nous tînmes toujours au Nord-Est comme si nous voulions aller aux Manilles ou îles Philippines, ce que nous fîmes pour ne pas tomber dans la route des vaisseaux européens ; puis nous gouvernâmes au Nord jusqu’à ce que nous fussions par 22 degrés 20 minutes de latitude, de sorte que nous arrivâmes directement à l’île Formose, où nous jetâmes l’ancre pour faire de l’eau et des provisions fraîches. Là les habitants, qui sont très-courtois et très-civils dans leurs manières, vinrent au-devant de nos besoins et en usèrent