Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/364

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facile, et qu’un gros navire hollandais venait justement de prendre la même route. Ceci me causa quelque trouble : un vaisseau hollandais était pour lors notre terreur, et nous eussions préféré rencontrer le diable pourvu qu’il ne fût pas venu sous une figure trop effroyable. Nous avions la persuasion qu’un bâtiment hollandais serait notre ruine ; nous n’étions pas de taille à nous mesurer : touts les vaisseaux qui trafiquent dans ces parages étant d’un port considérable et d’une beaucoup plus grande force que nous.

Le bon homme s’apperçut de mon trouble et de mon embarras quand il me parla du navire hollandais, et il me dit :

— « Sir, vous n’avez rien à redouter des Hollandais, je ne suppose pas qu’ils soient en guerre aujourd’hui avec votre nation. » — « Non, dis-je, il est vrai ; mais je ne sais quelles libertés les hommes se peuvent donner lorsqu’ils sont hors de la portée des lois de leurs pays. » — « Eh quoi ! reprit-il, vous n’êtes pas des pirates, que craignez-vous ? À coup sûr on ne s’attaquera pas à de paisibles négociants. »