Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/371

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entrer, pour traiter secrètement avec les Chinois sans être en danger de l’ennemi. Il me dit que si je voulais faire encore quarante-deux lieues au Sud nous trouverions un petit port nommé Quinchang, où les Pères de la Mission débarquaient d’ordinaire en venant de Macao, pour aller enseigner la religion chrétienne aux Chinois, et où les navires européens ne se montraient jamais ; et que, si je jugeais à propos de m’y rendre, là, quand j’aurais mis pied à terre, je pourrais prendre tout à loisir une décision ultérieure. — « J’avoue, ajouta-t-il, que ce n’est pas une place marchande, cependant à certaines époques il s’y tient une sorte de foire, où les négociants japonais viennent acheter des marchandises chinoises. »

Nous fûmes touts d’avis de gagner ce port, dont peut-être j’écris le nom de travers ; je ne puis au juste me le rappeler l’ayant perdu ainsi que plusieurs autres notes sur un petit livre de poche que l’eau me gâta, dans un accident que je relaterai en son lieu ; je me souviens seulement que les négociants chinois et japonais avec lesquels nous entrâmes en relation lui donnaient un autre nom que notre pilote portugais, et qu’ils le prononçaient comme ci-dessus Quinchang.

Unanimes dans notre résolution de nous rendre à cette place, nous levâmes l’ancre le jour suivant ; nous étions allés deux fois à terre pour prendre de l’eau fraîche, et dans ces deux occasions les habitants du pays s’étaient montrés très-civils envers nous, et nous avaient apporté une profusion de choses, c’est-à-dire de provisions, de plantes, de racines, de thé, de riz et d’oiseaux ; mais rien sans argent.

Le vent étant contraire, nous n’arrivâmes à Quinchang qu’au bout de cinq jours ; mais notre satisfaction n’en fut pas moins vive. Transporté de joie, et, je puis bien le dire, de reconnaissance envers le Ciel, quand je posai le pied sur le rivage, je fis serment ainsi que mon partner, s’il nous