Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/452

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plus puissant que le Czar de Moscovie, quoique mes États ne fussent pas si étendus, ni mes peuples si nombreux. À ce coup, le seigneur russien eut l’air un peu surpris, et, tenant ses yeux attachés sur moi, il commença de s’étonner de ce que j’avançais.

Je lui dis que son étonnement cesserait quand je me serais expliqué. D’abord je lui contai que j’avais à mon entière disposition la vie et la fortune de mes sujets ; que nonobstant mon pouvoir absolu, je n’avais pas eu un seul individu mécontent de mon gouvernement ou de ma personne dans toutes mes possessions. Là-dessus il secoua la tête, et me dit qu’en cela je surpassais tout de bon le Czar de Moscovie. Me reprenant, j’ajoutai que toutes les terres de mon royaume m’appartenaient en propre ; que touts mes sujets étaient non-seulement mes tenanciers, mais mes tenanciers à volonté ; qu’ils se seraient touts battus pour moi jusqu’à la dernière goutte de leur sang, et que jamais tyran, car pour tel je me reconnaissais, n’avait été si universellement aimé, et cependant si horriblement redouté de ses sujets.