qui m’étaient advenus depuis mon départ à bord de la corvette, La Brise.
Puis nous lui fîmes part de l’assurance que le Gouverneur avait donnée de l’envoi d’un sursis, bien que nous n’y ajoutâmes que peu de foi et que nous ne conservâmes nous-mêmes aucun espoir. « Tout est bien fini pour le pauvre guerrier sauvage », nous répondit-il, en secouant tristement la tête.
Cette nuit dans un songe, il a vu sa femme, sa vieille mère et son enfant, mais elles étaient là-haut, dans la demeure du Grand Esprit, c’est donc là qu’il les reverra désormais.
L’horloge marquait cinq heures et un quart et l’ordre du sursis n’arrivait pas. Nous laissâmes tous le cachot à l’exception de monsieur Odillon qu’Attenousse désirait entretenir quelques instants.
Dix minutes après, la porte s’ouvrit et nous fûmes invités à entrer de nouveau. La figure de monsieur Odillon était empreinte de tristesse, celle d’Attenousse était calme et sérieuse.
À peine fûmes-nous auprès d’eux que la cloche de la prison se fit entendre. J’écoutai en frémissant : hélas ! c’étaient des glas qui invitaient les âmes charitables à unir leurs prières à celles du prêtre qui allait offrir le Saint Sacrifice pour le repos de l’âme de celui qui devait mourir. En effet, quelques instants après, revêtu de ses habits sacerdotaux, il commençait une Messe de Requiem et sa voix émue s’arrêtait de temps en temps pour dominer son émotion pendant que les sanglots des assistants troublaient seuls le silence.
Au moment de la communion, le prêtre voulut adresser quelques paroles, mais il ne put le faire que difficilement à travers ses sanglots.
Je ne pus comprendre que ces quelques mots : « Le Juste par excellence a été mis à mort injustement, faites-lui donc généreusement le sacrifice de votre vie, comme il l’a fait sans se plaindre, pour sauver les coupables. Voici mon frère, le pain des forts qui va vous soutenir dans le moment où Dieu va vous appeler à lui. »
Ce fut tout ce qu’il put dire.
Attenousse reçut l’eucharistie avec une ferveur angélique, lui seul n’était pas ému.
Après la messe, monsieur Odillon lui administra le Sacrement de l’Extrême-Onction.
Et le sursis n’arrivait pas.
À six heures moins dix minutes, la porte s’ouvrit, c’était le bourreau qui entrait suivi de ses aides. En le voyant, le bon prêtre