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92 UN MAITRE ! AUGUSTE COMTE

croyance capable de diriger passagèrement une partie quelconque de l'humanité ». Et donc, grâce à ce large syncrétisme initial, aucun schisme, héré- sie, fanatisme à redouter. Le positivisme admet l'er- reur inévitable, qui souvent ramène à une vérité plus profonde alors que les minuties de l'exactitude des apparences égarent ; aussi les défaillances iné- vitables del'égoïsme vital et l'ignorance inéluctable. La lettre ne saurait étouffer l'esprit. Le Catéchisme positiviste n'est pas un Koran. C'est une lumière qui alimente et renouvelle la projection de notre propre esprit toujours en marche.

S'il lisait et recommandait la lecture de Y Imitation comme « un guide journalier pour étudier et per- fectionner notre nature », jusqu'à ce que « le posi- tivisme accomplisse, en invoquant l'humanité, la synthèse morale et poétique ébauchée par le catho- licisme au nom de Dieu », Comte se garde du quié- tisme en plaçant toujours l'action et la pensée au- dessus de la contemplation. Celle-ci doit surtout « systématiser l'affection et Faction ». « Toute consis- tance, dira-t-il encore, est interdite aux sentiments qui ne sont point assistés par des convictions. » Pré- voyant ses candides et incompréhensifs disciples exotiques, il condamne donc « la dégénération affective qui dispose à négliger les œuvres pour ne cultiver que les inspirations ». Il ne nous prescrit pas la dévotion, c'est-à-dire l'automatisme de l'amour, l'attitude de la méditation ; mais le dé- vouement actif.

Pas de foi sans culte, certes, et pas de culte sans rite; mais, à l'heure présente, pour cette religion qui doit devenir celle de « quiconque n'en peut plus