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I

14 UN MAÎTRE ! AUGUSTE COMTE

sciences et les savants et ses Considérations sur le pou- voir spirituel. Le 27 février 1826, il écrit à Blainville, en lui traçant le schéma de sa doctrine : « Un tra- vail continu de quatre-vingts heures, dans lequel le cerveau n'a pas cessé d'être dans le plus haut degré d'excitation normale, sauf quelques intervalles de sommeil extrêmement courts, a été occasionné en moi fil y a huit jours) par le troisième article de cet examen du pouvoir spirituel que je vous apporte. Il en est résulté une véritable crise nerveuse (qui dure encore, quoique affaiblie) qui m'a fait voir, sous un jour beaucoup plus complet et beaucoup plus net qu'il ne m'était arrivé, l'ensemble de ma vie. »

Cependant, il annonce un cours de philosophie positive, en 72 leçons, qu'il fera chez lui, i3, fau- bourg Montmartre, du 2 avril 1826 au i er avril 1827. Blainville, dont il a fait la connaissance en 1822, chez Saint Simon, le patronne.

Après avoir exprimé quelque appréhension, Comte l'assure toutefois qu'il « a fortement médité » son plan depuis trois mois et que sa préparation est con- venable, a sinon suffisante », puisqu'il « n'a pas écrit une ligne ».

Et voici le drame, — un des plus poignants et des plus glorieux de l'histoire de la pensée et de la vo- lonté humaines.

Les trois premières leçons produisirent une très forte impression. Parmi les auditeurs, on cite Brous- sais. Blainville, Poinsot, Joseph Fourier, A. de Hum- boldt, des anciens condisciples, des médecins, etc. La quatrième leçon ne put être faite...

Le cerveau de Comte eût peut-être résisté — et le sien seul en était capable — à ce surmenage for-

»