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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 39

affranchir. Fustel affecte de dédaigner la sociologie ; mais, tel M. Jourdain de la prose, il en fait et de la meilleure, entendons de la sociologie positive, dans Y Histoire des institutions et la Cité antique. De Taine, les Philosophes français au dix-neuvième siècle, les Origines de la France contemporaine ne valent que par le positivisme. Quand il délaisse l'ironie litté- raire, ou le sophisme déliquescent, l'érudition, Re- nan procède de Comte. Après la bourrasque de 1870-71, il reconnaît l'urgence d'une « réforme in- tellectuelle et morale », c'est-à-dire, ce que Comte nomme plus exactement et définit plus précisément, « la régénération des opinions et des mœurs ».

« Comme on a vu le rayonnement de Condillac dans Lavoisier, signale Hector Denis, on entrevoit l'action de Comte sur Ch. Robin, sur Sainte-Claire- Dcville et Claude Bernard ; elle se lit dans l'œuvre critique et psychologique de Taine et de Ribot ; la pathologie, avec Bouchard et Charcot, en porte l'empreinte ; l'hygiène et la démographie, avec Ber- tillon et Lacassagne, lui empruntent l'admirable clas- sement des modificateurs qui affectent la population et la santé publique; la criminologie trace l'ordre de subordination des conditions biologiques, psy- chologiques et sociales du crime. Dans l'œuvre éco- nomique du célèbre Carey (de Philadelphie), l'évo- lution et la classification des industries humaines projettent dans l'histoire du travail et de la richesse la série des sciences de Comte; et Lester Ward, cinquante ans après, y rattache le plan de sa philo- sophie de la sociologie...

« L'influence d'une œuvre puissamment ordonnée, s'est profondément fait sentir chez ceux-là même