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66 UN MAO-RE : AUGUSTE COMTE

duit en somme à définir le plus par le moins, le su- périeur par l'inférieur, notamment la sociologie par la biologie ou, plus vicieusement encore, comme les socialistes, le tout par la partie, la morale par l'économique.

En fondant la sociologie, seule susceptible d'une « véritable universalité », Comte a complété sa coordination des sciences. Car « la progression or- ganique en général ne peut bien se définir que quand on connaît le dernier terme ». L'unité philo- sophique exige « l'entière prépondérance normale de l'un des éléments spéculatifs sur tous les autres », et cette prépondérance « n'a jamais pu appartenir qu'au premier ou au dernier des six éléments philo- sophiques ». C'est pourquoi il nous faut choisir « entre les deux marches contraires de notre esprit, l'une mathématique et l'autre sociologique ». La première, qui vise à l'objectif, ne peut réaliser l'unité. La synthèse subjective seule est possible et totale. Car elle est « la réaction de la dernière science, celle de l'homme et de la société, sur les sciences qui en sont les préliminaires ».

On voit que le germe de toute la synthèse subjec- tive est déjà levé dans le Cours de- philosophie, comme, d'ailleurs, dans les premiers opuscules de jeunesse. Comte a toujours suivi la même ligne. Ce sont les disciples infidèles qui ont dévié ou n'ont pas compris. De même, quand Stuart Mill reproche à Comte, en outre, ce vice intellectuel « français » de systéma- tiser, « 11 est clair, comme lui répond Fouillée, que la systématisation est l'œuvre même de la philoso- phie. » Il n'est même aucune démarche de la pensée ou de l'acte qui n'exige au préalable une systématisa-