particulière : ses Bulgares sont un peuple qui soutient depuis de longues années une lutte atroce contre un même ennemi ; après une période de défaillance, la confiance, le courage se sont réveillés en eux ; ils ont humilié l’ennemi à leur tour, puis recommencé à connaître la défaite et le soupçon. Tous ces traits sont fortement marqués ; car déjà dans Les Jacobites, M. Coppée avait prouvé qu’il savait ne pas réduire le peuple au rôle de simple spectateur ; et même, ici, ses personnages populaires, Lazare, Ourosch n’ont plus rien de symbolique. Or, dans les traits que nous venons de relever, plusieurs s’appliquent très exactement, sinon à tel peuple historique en particulier, du moins à tous les peuples qui ont longtemps lutté pour refouler l’islamisme. Surtout parmi ces traits communs, il a parfaitement fait ressortir une forme toute particulière du patriotisme, celle d’hommes qui sentent fort bien que leur religion par le fossé qu’elle creuse entre le Turc et eux est le meilleur rempart de leur indépendance. Ses Bulgares ont été un instant asservis, mais la différence des cultes les a empêchés de se fondre avec les vainqueurs, a entretenu chez eux le mépris, la haine des conquérants. Le rôle de l’évêque roi Etienne, les sentiments qu’il inspire, la préférence qu’on lui accorde sur le vaillant défenseur des Bal-
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