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tude, et son cœur avait besoin d’aimer en repos. Le tracas des affaires, qui lui avait été fort utile après la mort de mademoiselle de Liron, lui devint désagréable lorsque le temps eut permis à son âme de chercher une situation fixe pour passer sa vie aussi heureusement qu’il est possible.

Il revint en Auvergne, revit avec émotion, mais non sans plaisir, ses biens de Chamaillères, et alla faire visite à M. de Thiézac dans les environs de Saint-Flour. Ce fut là, dans la famille de cet homme aimable et sincèrement bon, qu’il trouva l’occasion de remplir le dernier vœu que mademoiselle de Liron avait formé pour lui, avant de mourir. M. de Thiézac avait chez lui une nièce de sa femme, jeune personne de dix-sept ans, dont les grâces étaient, comme son caractère, faites pour attirer l’attention de ceux qui la voyaient. M. et madame de Thiézac eurent l’idée d’un mariage, presque aussitôt qu’ils virent Ernest dans la maison. Élise, leur nièce, y pensa aussi, comme cela arrive à toutes les jeunes personnes quand elles voient un homme à marier. Pour Ernest, l’idée ne lui en vint que plus tard, et lorsqu’il se détermina à faire cette union, il y eut de sa part plus de raison que d’amour.

Enfin il se détermina à prendre le grand chemin de la vie, comme lui avait dit sa cousine, et il fut raisonnablement heureux, chose bien rare.