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dom Pamphile, à qui il serra la main en le félicitant sur un événement qui, sans faire aucun tort à dona Olimpia, assurait à la maison Pamphile des biens dont on aurait pu disposer en faveur de Maldachini, et qui dégageait enfin Camille de la tyrannie capricieuse d’une femme sur laquelle il était impossible de compter.

De tous les membres du sacré collège. Sforza était celui qui supportait le moins patiemment la faveur inouïe dont Olimpia jouissait auprès du pape. Lui seul osait, même chez cette femme redoutable, lui dire des duretés qui auraient attiré des vengeances terribles sur tout autre que lui, tant la probité, quand elle est soutenue par le courage, peut donner de puissance. Aussi se promenait-il triomphant, après avoir raconté la mésaventure de cette femme, s’étonnant qu’une pudeur de famille, fort mal employée selon lui, empêchât les enfants de dona Olimpia de se réjouir d’un revers qui ne pouvait être que d’un bon présage, non-seulement pour la maison Pamphile, mais même pour le saint-siége.

Les deux beaux-frères Justiniani et Ludovisi, qui n’avaient rien à gagner dans cette affaire, en étaient réduits à louer la conduite du pape pour se venger de toutes les vexations que leur faisait éprouver leur belle-mère ; aussi n’y avait-il que la princesse de Rossano à qui cet événement donnât une véritable joie : non que sa générosité naturelle lui permît d’admettre le moindre sentiment cupide, mais parce qu’elle entrevoyait qu’à la faveur de révolutions probables, et peut-être assez prochaines, elle pourrait reconquérir pour dom Camille et pour elle une liberté et un rang à la cour, qui souriaient à sa jeune âme ambitieuse.

« Courage, princesse, dit encore le cardinal Sforza, lorsqu’il se préparait, ainsi que les deux princes, à prendre congé pour retourner à Rome, ayez bon courage, et soutenez celui de dom Pamphile, ou plutôt, ajouta-t-il tout bas en s’approchant de l’oreille de la princesse, donnez-lui-en. »

On se fit de mutuels adieux ; les trois habitants de Rome se dirigèrent vers cette ville, et les deux époux partirent pour Frascati, où ils ne rentrèrent qu’assez avant dans la nuit.

Le lendemain matin, madame de Rossano reçut la visite