pape ; aussi sa belle-sœur, qui avait surtout intérêt à présenter le projet de Fagnani comme principalement utile aux intérêts spirituels du saint-siége, s’efforça-t-elle de le faire valoir à Innocent comme un moyen infaillible de rétablir la discipline ecclésiastique et de mettre un frein à la médisance.
Après la lecture du mémoire et quelques réflexions auxquelles il donna lieu, le pape montra une satisfaction inaccoutumée. « En vérité, sœur, dit-il à dona Olimpia, vous êtes une personne incomparable ! Il n’y a que vous au monde pour trouver des ressources inattendues ! Je vais faire honte, ajouta-t-il dans sa joie, à Pancirole et à Pamphile, en leur disant de qui je tiens ce projet ! — Gardez-vous-en bien, saint-père, dit aussitôt Olimpia ; j’exige même au contraire que vous en gardiez le secret. Quand j’ai pris une résolution, je la tiens, et en me faisant reprendre un rôle qui m’a été enlevé, mais auquel j’ai renoncé, vous me désobligeriez beaucoup. Ne parlez pas de moi, pas même du projet dont nous venons de nous occuper ; feignez au contraire, lorsqu’il vous sera présenté, de ne le pas connaître. Puisque vous avez jugé prudent que ma personne n’intervînt plus, persistez dans votre résolution. Je suis trop heureuse de pouvoir vous servir, pour rechercher d’autres suffrages que le vôtre. Conservez seulement toujours pour moi cette confiance privée à laquelle j’attache tant de prix, frère ; c’est là ma récompense... Ce projet est bon, à ce que je crois... La lecture que j’en viens de faire avec vous me l’a fait apprécier davantage, et vous vous en trouverez bien !... Fagnani, vous le savez, est un homme habile... Je pense qu’il ne tardera pas à vous soumettre son mémoire... Mais surtout ne parlez pas de moi !... Puis ménagez Pancirole et Pamphile ; vous avez besoin d’eux. D’ailleurs, entre nous soit dit, je sais que quand il est question de votre belle-sœur, ces deux hommes prennent facilement de l’ombrage ; ainsi, laissez-les livrés à eux-mêmes quand Fagnani s’expliquera ; ce projet leur plaira ou je serais bien trompée... tandis que s’ils soupçonnaient que je l’approuve, peut-être s’en défieraient-ils... Vous le savez, frère, les hommes sont ainsi faits ! — Vous êtes vraiment une femme admirable, dit le pape en serrant les mains