pape donna sa bénédiction au réviseur, et il ajouta : Allez en paix.
L’indignation qu’éprouva le pape à l’égard de Mascambruno fut d’autant plus profonde, que sa confiance avait été plus indignement trompée par cet homme. Il chargea à l’instant le cardinal neveu de donner des ordres pour qu’on l’arrêtât et que le juge Rugolo sortît immédiatement de Rome. La conférence à laquelle avait assisté Vaultrin, l’arrestation du sous-dataire, ainsi que l’instruction de son procès, qui se fit à la tour de None, où on l’avait enfermé ; tout fut tenu dans le plus grand secret. Au bout de deux jours, convaincu du crime de faux et de lèse-majesté, Mascambruno fut condamné à être pendu.
Ce ne fut pas sans beaucoup de peine qu’Azzolini put être instruit assez tôt de ce jugement pour le faire connaître, avant son exécution, à dona Olimpia. Cette terrible nouvelle porta le trouble dans l’âme de la belle-sœur d’Innocent. La nature du crime de Mascambruno ne permettait pas qu’elle intercédât pour lui, et cependant une voix secrète lui disait intérieurement qu’elle devait faire quelque chose pour cet homme qui s’était si souvent compromis pour elle. Au milieu de toutes les incertitudes de ses projets, elle se rappela tout à coup que le sous-dataire était chanoine de Saint-Pierre, et que sans doute le chapitre dont il faisait partie serait disposé à épargner une mort infâme et publique à l’un de ses membres. Elle envoya aussitôt monseigneur Azzolini vers le doyen pour l’avertir du jugement et l’engager à demander au pape une commutation de supplice.
En effet, on en mitigea quelque peu l’horreur. Les cardinaux Barberin et Sachetti, qui faisaient partie de la confrérie des nobles Florentins, instituée pour assister les condamnés jusqu’à la mort, vinrent, couverts de leur capuce, apporter à Mascambruno l’indulgence de la part du pape, et restèrent présents à son supplice. Au lieu de le pendre publiquement, on lui trancha la tête à trois heures du matin, dans la cour de la prison même où il avait été jugé, et au point du jour son corps fut exposé sur un brancard au bout du pont Saint-Ange. Sa tête sanglante était rapprochée du tronc et soute-