fluences pour donner à leurs rapines les apparences d’opérations régulières et utiles. Leur succès fut complet ; car le faible Innocent ne cessa pas de leur donner sa confiance, ce qui prépara l’un d’eux à recevoir la pourpre sous le règne suivant. Le désordre était porté à son comble.
Ces maux avaient plus d’une cause : le pontife vieillissait, et le décroissement rapide de sa santé ne lui permettait plus de surveiller aucune affaire. La fin imminente d’un règne où l’intérêt de l’état avait toujours été sacrifié aux passions et à l’avarice des grands, ôtait d’ailleurs toute idée de réformer des abus dont chacun, petit ou grand, avait pris l’habitude de profiter. Pour surcroît de malheur, Pancirole, l’homme d’état à cette époque qui avait le plus de probité et de talent, outre les douleurs que lui causait depuis longtemps la goutte, avait le corps ruiné par les veilles continuelles que le pape lui faisait supporter, et par l’habitude qu’il lui avait fallu prendre de ne jamais traiter des affaires du gouvernement que durant la nuit. Pancirole, épuisé de fatigues, gardait fréquemment la chambre et même le lit, laissant souvent tout le poids du gouvernement au jeune Astalli, dont, malgré tous ses soins, il n’avait pu parvenir à faire un cardinal neveu décidément habile.
En face de ces trois hommes, ne retenant plus qu’avec peine les rênes de l’état, veillait dona Olimpia, plus vivace que jamais, et calculant avec une infatigable perspicacité la chute des deux ministres et les chances de la vie et de la mort du pontife.
Mais Pancirole était l’objet principal de ses inquiétudes et de ses méditations. Cet homme avait acquis une autorité immense sur le sacré collège, et tout portait à croire qu’en cas de vacance du saint-siége, ce serait lui qui succéderait à Innocent X. Cette opinion était si généralement établie, que dona Olimpia, malgré la répugnance naturelle que lui avait toujours inspirée le cardinal, avait senti la nécessité de familiariser de bonne heure son esprit avec l’idée de le voir monter sur le trône pontifical. Il était donc devenu pour elle une de ces difficultés fatales, inévitables, auxquelles on s’impose la loi de s’accoutumer, afin de n’être ni surpris ni dé-