risquaient de se trouver à la mort d’Innocent, mettait toutes ses espérances de salut en lui.
Antoine Barberin était loin de la perfection morale, mais il avait de la générosité dans le caractère. Il n’eut donc point l’idée d’abuser de l’avantage de sa position envers une femme qui n’avait été rien moins qu’indulgente pour lui quelques années avant ; mais en homme habile et qui sait qu’il ne faut jamais se laisser prendre pour dupe, même par plus habile que soi, il voulut, tout en aidant dona Olimpia, profiter complètement des ouvertures qu’elle lui avait faites.
Le lendemain de la conférence, il s’excusa par un billet par lequel il avertit la princesse de Saint-Martin que son frère, François Barberin, et ses neveux, étant absents de Rome pour quelques jours, il fallait suspendre la décision. Puis il fit valoir les observations de ses parents, qu’il ne pouvait amener tout à coup à l’idée d’un projet auquel ils étaient loin de s’opposer, mais dont l’exécution semblait entraîner quelques difficultés. En somme, l’adroit cardinal, convaincu du besoin et du désir qu’avait dona Olimpia de terminer cette affaire, fit malicieusement attendre, autant qu’il put, sa réponse, pour attiser tout à la fois l’impatience de la princesse, en se donnant le temps de bâtir et de combiner sur cette union des deux familles Pamphile et Barberine, les plus vastes projets d’ambition et de grandeurs futures.
Tandis que cette négociation restait pendante, il s’en entama d’autres au palais Pamphile et au Vatican. Depuis que, menacée dans son avenir, dona Olimpia s’occupait avec ardeur à remettre l’union entre tous les membres de sa famille, elle n’avait point négligé la vieille sœur du pape, dona Agathe, à laquelle, depuis quelque temps, elle envoyait de petits présents que monseigneur Azzolini était chargé de lui remettre. Cette bonne religieuse, quoique fort avide de tout ce qui pouvait relever le lustre de son couvent, n’en était pas moins dominée impérieusement par l’esprit et l’ambition de famille. Malgré la répugnance assez forte qu’elle avait pour la personne de dona Olimpia, depuis que l’expérience lui avait démontré que cette femme prenait un intérêt plus actuel et plus profitable à sa famille que le pape, dont l’in-