fort romanesque dans ses conceptions, présenta ce projet sous des couleurs si brillantes, et en l’appuyant de moyens d’exécution si positifs en apparence, que le pape et dona Olimpia elle-même en furent éblouis.
La bonne humeur qu’avait fait naître cette conversation conduisit naturellement la princesse à parler au pontife du mariage projeté entre sa petite-fille et le neveu des Barberins. Cette union, qui ne pouvait que concourir à l’affermissement de ce que l’on venait de projeter, fut approuvée par le pape, qui, prenant feu à ce sujet, voulut que l’on pressât ce mariage. Mais il restait à obtenir l’agrément de sa sainteté à propos de deux circonstances importantes dont il était indispensable de lui parler sur-le-champ, puisqu’elles formaient la condition rigoureuse imposée par Antoine à dona Olimpia, et sans laquelle on n’aurait pu cimenter le pacte entre les deux familles.
On présenta d’abord le cas des deux fils de dom Taddeo, dont l’aîné s’était destiné dès l’enfance à la prélature, tandis que Maffeo, le plus jeune, se proposait de soutenir le nom de la famille en vivant dans le monde. La question du droit d’aînesse fut agitée de nouveau en cette occasion ; mais, vaincu par les raisons qu’Antoine avait déjà fait valoir à dona Olimpia, Innocent se rendit, et consentit au mariage de sa petite-nièce avec le cadet des Barberins.
Mais là ne gisait pas la plus grande difficulté. Le point important était d’obtenir, en faveur de l’aîné Carlo, le chapeau de cardinal, et de l’obtenir à la promotion prochaine à laquelle on travaillait déjà.
Ce n’était pas à Antoine qu’il appartenait d’entamer cette négociation délicate, et dona Olimpia, qui le sentait bien, prépara les voies pour la traiter. « Vous ne voulez donc plus rien me confier, saint-père ? dit-elle, que vous ne nous parlez pas de la promotion que vous méditez ? — Oh ! rien n’est plus simple que ce que je veux faire, répondit le pontife ; ce sont de vieilles dettes que j’acquitte. Lomellini, Omodei, Frédérik de Hesse, Pimentello et Corrado attendent le chapeau depuis longtemps. — Vous n’avez pas oublié monseigneur Ottoboni, saint-père, dit le cardinal Barberin ; sa nomination