les termes les plus révérencieux et les plus humbles, qu’elle ne pouvait pénétrer plus avant. Quoique les explications qui avaient lieu à cette occasion s’échangeassent à voix basse, cependant elles furent entendues, et bientôt la porte de la chambre du pape s’étant ouverte, il en sortit le père Paul Oliva, qui, avec un regard noble mais sévère, et étendant tout aussitôt la main vers la porte de sortie, en y poussant en quelque sorte la princesse : « Madame, dit-il, quand ils furent parvenus jusqu’à la second pièce d’entrée, qu’est-ce qui vous amène ici ? — Un désir bien naturel, mon père, répondit dona Olimpia, intimidée pour la première fois de sa vie peut-être, celui de voir mon parent. — Les sentiments de votre cœur vous égarent, princesse, répondit le jésuite avec une politesse froide. Sa sainteté n’appartient plus au monde ; elle a rempli hier le dernier acte religieux qui l’en détache à jamais, et je suis chargé de garantir son âme de toutes les souillures mondaines, dont le contact, si court qu’il fût, pourrait altérer la pureté qu’elle est parvenue à acquérir. — Mais... » Le confesseur d’Innocent ne laissa pas achever dona Olimpia, et lui indiquant encore de la main la seconde, puis la troisième porte des antichambres qu’il lui fit traverser à grands pas, il la conduisit jusqu’à l’escalier, où après l’avoir saluée, en lui recommandant de ne plus se présenter au Quirinal, il la suivit de l’œil jusqu’à ce qu’elle fût sortie du palais.
Cependant la vérité était connue dans Rome. On savait que quelles que fussent les alternatives de la santé d’Innocent, il ne lui restait plus que peu de jours à vivre. Pendant la dernière semaine, on ne vit plus un seul cardinal ni un prélat venir au Quirinal ; toute la haute domesticité l’avait également abandonné, et il ne s’y trouvait plus que des serviteurs subalternes qui en dérobaient tout ce qu’il leur était possible d’emporter : argenterie, linge, vaisselle, menus meubles, tout devint la proie de cette valetaille ; à peine s’il resta au pape, tant qu’il respira, un couvert et une écuelle. Ce fut en vain que Pablo chercha des draps pour renouveler le lit de son maître, et il manqua également de couvertures pour le garantir du froid. C’est dans ce dénûment absolu, délaissé de tout le monde, et privé de ce que