lui convenait assez, il insista sur l’élection probable de Fabio Chigi, qui la contrariait si fort. Bref, il mit tout en œuvre pour faire naître un calus sur le cœur de cette femme, afin d’amortir son irritabilité et de rendre le calme à son esprit.
Force fut bien à Dona Olimpia de se résigner aux chances si hasardeuses d’une élection, et ce fut lorsque Antoine la vit dans cette disposition plus raisonnable, que, sans lui faire connaître entièrement les projets que son frère et lui avaient combinés pour mettre Fabio Chigi dans le cas de contracter une dette de reconnaissance envers les Barberins, il lui fit entendre que quand bien même l’homme dont elle redoutait le plus l’élection serait couronné, on espérait le forcer de ne pas se montrer inexorable envers la famille de dona Olimpia et les Barberins.
Cependant le conclave s’ouvrit, et il dura quatre-vingts jours. Vers la fin, et lorsque l’on avait présenté successivement, mais sans aucun espoir de succès, le moine Maculano, Palotta, Cherubini, Rospigliosi et Fabio Chigi, et qu’enfin le cardinal Sachetti avait eu, pendant une semaine entière, trente-trois voix, ce qui ne lui en laissait plus à désirer que quatre pour obtenir la moitié plus une de celles des soixante-douze cardinaux, il s’effectua au conclave une de ces révolutions si communes dans les assemblées électorales. Un beau matin, on trouva au scrutin trente-un suffrages pour François Barberin, qui jusque-là n’avait eu que quelques voix isolées. Aux scrutins du soir et du lendemain les trente-un suffrages reparurent, tant qu’enfin Barberin se trouva être un concurrent fort dangereux pour Sachetti.
Jusque-là on s’était ennuyé au conclave, n’ayant pour passer le temps que les offices, les scrutins du soir et du matin, et d’éternelles promenades dans l’intérieur du palais. Cet incident remit tous les esprits en mouvement, et donna une activité extraordinaire aux cardinaux et à leurs conclavistes. Bientôt on entendit ouvrir et fermer les cellules ; on se parlait ou l’on s’évitait dans les corridors. On attendait aux portes pour entrer à son tour chez celui que l’on voulait endoctriner ou séduire. « Qui a fait cela ? Comment une telle