princesse de Saint-Martin, outre les revenus ordinaires, a fait passer dans ses coffres deux millions et demi de ducats d’or (20,000,000 de francs) dont l’emploi n’est pas connu. »
Ces derniers mots furent un coup de foudre pour Barberin, à qui dona Olimpia avait fait redemander à peu près la même somme, lorsque lui et sa famille avaient été poursuivis par Innocent X. « Saint-père, dit enfin Antoine lorsqu’il se fut un peu remis, il ne me reste plus qu’à implorer votre clémence en faveur de la princesse de Saint-Martin. — Nous aurons plus de clémence pour la personne de dona Olimpia, dit le pape, qu’elle n’en a eu pour votre maison. » Le cardinal à ces mots baissa les yeux ; mais après un moment de silence, il répliqua avec assez de vivacité « qu’il souhaitait que sa sainteté pardonnât à dona Olimpia de la même manière que sa maison lui avait pardonné. »
Le pape piqué fut sur le point de le laisser voir ; mais reprenant sa gravité accoutumée : « Vous lui avez pardonné, ajouta-t-il, parce que ce pardon vous a profité. Nous ne pouvons agir de même, parce que ce pardon serait préjudiciable à notre conscience. »
Le pape se tut ; le cardinal, sans rien répliquer, prit congé de lui en observant avec rigueur toutes les cérémonies d’usage, et alla aussitôt rendre compte à dona Olimpia du mauvais succès de sa démarche, sans lui cacher même les dispositions peu favorables que paraissait avoir le pontife à l’égard de leurs deux familles. Sans rapporter en détail toutes les charges amoncelées contre elle, dont Alexandre avait connaissance, Antoine ne lui laissa pas ignorer cependant que les renseignements fournis au pontife étaient de nature à faire croire que quelque serviteur d’Olimpia avait trahi sa confiance. Les soupçons tombèrent naturellement sur Fagnani, qui, de confident intime et de directeur des intérêts de la famille Pamphile, avait abandonné dona Olimpia depuis sa disgrâce, pour faire sa cour au nouveau pape.
Ces tristes nouvelles eurent au moins le bon effet de délivrer dona Olimpia de ses incertitudes et de la forcer à envisager sa nouvelle position sous son véritable point de vue. Elle reconnut que, si Antoine avait poussé le dévouement