prévoyaieni déjà qu’il fallait ménager l’appui. Et en effet, la princesse de Rossano et dom Pamphile son mari, héritiers de dona Olimpia, et si intéressés par cela même à ce que toute la procédure fût oubliée, étaient non-seulement devenus les idoles du peuple, à qui ils avaient prodigué les soins et les aumônes pendant la peste, mais commandaient encore le respect et l’admiration des grands et des riches dont ils avaient préservé les biens en maintenant l’ordre dans Rome pendant la durée du fléau, et au milieu des soulèvements populaires.
Le pape lui-même, malgré le désir sincère qu’il avait de mettre au jour les crimes dont dona Olimpia était accusée, se sentit moins empressé de faire rendre des comptes aux héritiers de cette femme, quand le mal qui avait pesé sur ses peuples devint moins rigoureux. Si Alexandre VII avait fléchi un instant, il faut lui rendre cette justice, qu’il obéit à ceux qui rallumèrent le courage dans son cœur, et que du moment qu’il fut allé prier à Sainte-Marie-Majeure, il ne cessa plus de déployer un zèle et une activité infatigables pour le soulagement de ses sujets. On put même reconnaître en cette occasion qu’il n’avait pas une âme ordinaire ; car loin de se sentir offensé de la conduite de la princesse de Rossano et de dom Pamphile, il leur sut gré au contraire de ce qu’ils l’avaient remis dans une voie dont il n’aurait jamais dû s’écarter ; alors son cœur de souverain se sentit suspendu entre l’obligation de punir la coupable Olimpia, et sa juste intention de récompenser les généreux héritiers de cette femme.
Forts de leur position, dom Pamphile et madame de Rossano surent en profiter avec autant d’habileté que de prudence. Depuis que, durant la peste, le prince avait eu l’occasion de montrer ses belles et brillantes qualités, ce n’était plus le même homme. Confiant en ses propres forces et certain de ce qu’il valait, l’affection si vive que lui avait inspirée sa femme s’était ranimée, et cette dame elle-même était redevenue fière d’un époux à qui elle avait vu reprendre son rang. Tous deux habitant le palais de la place Navone, hâtaient l’achèvement de l’église de Sainte-Agnèse,