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en leur présence de mille questions qu’il faudrait, au contraire, s’abstenir d’agiter devant eux.

— Il y a du vrai dans vos observations, répondit la comtesse en continuant d’observer la peinture ; il y a du vrai sans doute ; mais quand, pour m’aider à comprendre ma fille et à la mieux diriger, je vais rechercher des lumières dans les souvenirs que je conserve de moi lorsque j’étais à son âge, je l’avoue, je ne retrouve qu’un nuage confus dont je ne puis tirer aucun secours. Enfin, puisque notre conversation a pris ce tour, ajouta-t-elle en posant le portrait sur le piano de sa fille, j’en profiterai pour toucher plusieurs points qui ne sont pas sans importance, ni pour vous, ni pour ma fille, ni pour moi.

— Parlez, madame.

— Les arrangements pris aujourd’hui entre nous au sujet de votre mariage futur avec ma fille, la joie que nous avons éprouvée en les arrêtant, ne doivent vous laisser aucun doute sur la haute estime que vous nous inspirez. Il faut qu’elle soit bien profonde, puisqu’elle nous a fait consentir, M. de Soulanges et moi, à vous donner quelques droits sur notre enfant, quand des raisons très-graves nous font désirer qu’elle demeure encore quelque temps dans les habitudes de toute jeune fille où vous la voyez. J’attends donc, j’exige même de vous, monsieur de Lébis, malgré les promesses que nous nous sommes faites aujourd’hui, et l’espoir que j’ai de vous voir bientôt l’époux de ma fille, que vous voudrez bien vous conformer aux conditions que je vais vous prescrire.

— Quelles sont-elles, madame ? demanda Edmond avec anxiété.

— Il est bien entendu, dit madame de Soulanges, que si ce dernier article du traité ne vous convenait pas, votre parole vous serait rendue. Mais, ajouta-t-elle en souriant, je serais bien étonnée si vous n’étiez pas disposé à faire tout ce qui dépend de vous pour m’aider à remplir un devoir sacré envers ma fille, et à vous préparer avec mon enfant un avenir digne de vous.

Edmond était devenu grave et extrêmement attentif. La