Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

là. Mais ce tombeau… Repose-t-il dans ce tombeau aussi froid que la tombe elle-même ? Son âme vient-elle errer autour de son monument ? Et, quand je pense à lui, est-ce elle encore qui vient secouer ma mémoire ? L’habitude remet chacun au niveau du vulgaire. Quand la trace est affaiblie, il est mort, eh bien ! la chose ne nous tracasse plus. Les savants et les raisonneurs paraissent bien moins avancés que le vulgaire, puisque ce qui leur servirait à prouver n’est pas même prouvé pour eux. Je suis un homme. Qu’est-ce que : Je ? qu’est-ce qu’un homme ? Ils passent la moitié de leur vie à attacher pièce à pièce, à contrôler tout ce qui est trouvé ; l’autre à poser les fondements d’un édifice qui ne sort jamais de terre.

Mardi 17 février. — Aujourd’hui dîner chez Tautin avec Fielding et Soulier. Je fais des progrès dans l’anglais.

— Fait aujourd’hui la draperie de la femme de coin ; hier, retouché elle. Fait aussi main et pied de la femme à genou.

Donné à Marie Auras, après la mort de Géricault 7 ou 8 fr.
À la mendiante qui m’avait posé pour l’étude dans le cimetière 7 fr.
À Émilie Robert, hier lundi, dimanche et samedi 14, 15 et 16 février. 12 fr.

— J’ai dîné chez Leblond. Quinze personnes à table : dîner d’apparat.

Le soir, été chez ma tante un peu : bonne petite conversation. Dimanche prochain, je vais y dîner.