Jeudi 1er avril. — Été le matin avec Champmartin chez Cogniet, où j’ai déjeuné.
J’ai vu le masque moulé de mon pauvre Géricault. Ô monument vénérable ! J’ai été tenté de le baiser… sa barbe… ses cils… Et son sublime Radeau ! Quelles mains ! Quelles têtes ! Je ne puis exprimer l’admiration qu’il m’inspire.
— Vu Fedel chez lui. — Retrouvé Fedel, comme je me disposais à aller voir l’Italiana in Alaeri[1]. Endormi toute la soirée.
— Peindre avec brosses courtes et petites. Craindre le lavage à l’huile.
— Il me survient le désir de faire une esquisse du tableau de Géricault. Dépêchons-nous de faire le mien. Quel sublime modèle ! et quel précieux souvenir de cet homme extraordinaire !
Vendredi 2 avril. — À l’atelier toute la journée. Arrêté en partie mon fond.
M. Coutan est venu me voir. Il m’a donné envie de voir les dessins de Demeulemeester[2].
- ↑ Italiana in Algeri, opéra italien de Rossini.
- ↑ Charles Demeulemeester, graveur belge, élève de Bervic, né Bruges en 1771, mort en 1836. Il avait fait à Rome en 1806 des copies
en 1862, dans la Revue des Deux Mondes. « Son talent n’avait point eu d’aurore, il est arrivé tout armé, pourvu de ce don d’imaginer et d’exécuter qui fait les grands artistes. Il a même cela de remarquable que la première période de son talent est celle où ce talent est le plus magistral. Dans les sujets aussi simples et, ce qu’il y a de plus difficile, dans la représentation de scènes vulgaires dont les modèles sont sous nos yeux, Charlet a le secret d’unir la grandeur et le naturel. » (Revue des Deux Mondes, 1er juillet 1862.)