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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de petite niche et le balcon au-dessus avec la porte d’escalier. La femme au balcon, joli motif.

11 février. — Muley-Soliman avait cinquante-quatre enfants. Il abdique nonobstant en faveur de Muley-Abd-Ehr-Rhaman, son neveu, reconnaissant à ses enfants peu de capacité.

Dimanche 12 février. — Dessiné la Juive Dititia avec le costume d’Algérienne[1].

Été ensuite au jardin de Danemark. Le chemin charmant. Les tombeaux au milieu des aloès et des iris (Ægyptiaca). La pureté de l’air. Mornay aussi frappé que moi de la beauté de cette nature.

Les tentes blanches sur tous les objets sombres. Les amandiers en fleur. Le lilas de Perse. Grand arbre. Le beau cheval blanc sous les orangers. Intérieur de la cour de la petite maison.

En sortant, les orangers noirs et jaunes à travers

  1. Delacroix se plaint dans la Correspondance de la difficulté qu’il éprouve à dessiner d’après nature : « Je m’insinue petit à petit dans les façons du pays, de manière à arriver à dessiner à mon aise bien de ces figures de Mores. Leurs préjugés sont très grands contre le bel art de la peinture, mais quelques pièces d’argent, par-ci par-là, arrangent leurs scrupules. » Il écrit encore de Mequinez, le 2 avril : « Je vous ai mandé dans ma première lettre que nous avions eu l’audience de l’empereur. À partir de ce moment nous étions censés avoir la permission de nous promener par la ville ; mais c’est une permission dont moi seul j’ai profité entre mes compagnons de voyage, attendu que l’habit et la figure de chrétien sont en antipathie à ces gens-ci, au point qu’il faut toujours être escorté de soldats, ce qui n’a pas empêché deux ou trois querelles qui pouvaient être fort désagréables à cause de notre position d’envoyés. » (Corresp., t. I, p. 175 et 184.)